Pfizer et BioNTech, à l’origine du vaccin Comirnaty contre le coronavirus, ont annoncé dans un communiqué, ce 9 juillet 2021, le développement bien avancé d’une troisième dose servant de « booster ».
Ce n’est pas une surprise. Pfizer évoque cette possibilité depuis 2020, et la task force vaccins du gouvernement a récemment indiqué à la presse suivre ces recherches de près pour déterminer l’intérêt scientifique et médical d’ajouter ce booster à la stratégie vaccinale, fin 2021 ou début 2022. Pour déterminer l’intérêt d’une troisième dose, il faut des données issues d’un nouvel essai clinique respectant à nouveau toutes les phases. C’est le cas actuellement, et Pfizer précise dans son communiqué du 9 juillet que les données de cet essai sont « prometteuses ».
D’après l’entreprise, les recherches démontrent qu’un booster procuré 6 mois après la deuxième dose est bien toléré, tout en conférant des titres d’anticorps neutralisants très élevés contre les souches habituelles du coronavirus (y compris le variant Beta, découvert en Afrique du Sud, et qui est très contagieux). Le nombre d’anticorps développés serait même 5 à 10 fois plus élevé qu’après les deux premières doses.
Ce sont là, dans l’immédiat, des résultats publiés exclusivement par communiqué de presse. Aucune publication scientifique ne permet encore de vérifier concrètement les données. Toutefois, Pfizer indique que les résultats vont être soumis à publication dans une revue à comité de lecture, puis transmis aux autorités sanitaires, « dans les prochaines semaines ». Il faut donc s’attendre à une publication d’ici la rentrée.
Ce ne sont pas les seules informations dont fait part Pfizer dans ce communiqué, car la société pharmaceutique aborde aussi sa stratégie face au variant Delta.
Le variant Delta est plus contagieux que toutes les précédentes souches du coronavirus SARS-CoV-2, raison pour laquelle il est si préoccupant. Il est en passe de devenir majoritaire aux États-Unis, en Europe, et l’est déjà en Russie ainsi qu’au Royaume-Uni. L’efficacité des vaccins est en partie atteinte, mais principalement après une seule dose. Des études récentes montrent qu’après le schéma vaccinal complet à deux injections, le vaccin de Pfizer conserve une efficacité de 87,9 % (contre 93,4 % pour les autres souches). Cela reste particulièrement élevé. Pour freiner les formes graves, le Comirnaty conserve une efficacité de 96 % après deux doses. Ces données viennent rappeler qu’il est nécessaire qu’une majeure partie de la population ait réalisé l’intégralité du parcours de vaccination.
Si les vaccins actuellement développés contre le coronavirus voient leur efficacité réduite de quelques pour cent, c’est parce qu’ils sont conçus à partir des premières souches qui se sont diffusées début 2020. Or, chaque souche correspond à une certaine séquence génétique présente dans la protéine Spike, laquelle fait office de « clé » dont se sert le virus pour pénétrer dans nos cellules et nous infecter. Il peut y avoir des mutations qui ne changent absolument rien, mais certaines vont faire évoluer le code source de cette protéine, générant un variant. Résultat, la séquence génétique visée par le vaccin ne correspond plus totalement à celle du variant.
Ce n’est pas toujours un problème, car même lorsque la protéine Spike évolue, elle n’évolue pas intégralement. Cela signifie qu’une fois entrainé par le vaccin, le système immunitaire pourra toujours la reconnaitre. Mais les quelques mutations significatives sont la raison pour laquelle l’efficacité est réduite de quelques pour cent, notamment après la première dose. C’est pour corriger cela que les laboratoires planchent sur une formule de leur vaccin qui soit adaptée au variant Delta.
Pfizer et BioNTech expliquent développer une « version mise à jour » de leur Comirnaty, c’est-à-dire qui viserait « l’intégralité de la protéine Spike du variant Delta ». Ainsi, les différences génétiques de cette protéine ne seraient donc plus la cause d’une quelconque réduction de l’efficacité du vaccin, même après la première dose. Cette nouvelle formule a déjà été développée et produite, et l’essai clinique doit démarrer en août prochain.
Ceci étant, les deux entreprises expliquent que la troisième dose pourrait, en elle-même, résoudre le problème du variant Delta. Les essais cliniques actuels suggèrent qu’une troisième injection va booster les titres d’anticorps neutralisants au même niveau d’efficacité que pour le variant Beta. La troisième dose a, en conséquence, « le potentiel de préserver les plus hauts niveaux d’efficacité contre tous les variants connus, y compris le Delta ».
Source: numerama.com